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eussent été d’un autre. Ceux de ses écrits qu’il estimait le plus sont le second volume de ses poésies, le Fils du Titien, Lorenzaccio et Carmosine.

Il est fâcheux qu’en France le génie poétique ne puisse pas donner la fortune. La seule pièce du Caprice a plus contribué à l’aisance de son auteur que tous ses autres ouvrages ensemble. Stendhal, qui aimait beaucoup Alfred de Musset, s’amusa un jour à compter avec lui ce que lui rapportait un vers. Ils prirent la livraison de la Revue qui contenait Rolla, et le résultat de leur calcul donna le chiffre modique de soixante centimes. Stendhal ouvrit ensuite les poésies de lord Byron, et, prenant pour point de comparaison la Lamentation du Tasse que M. Murray avait payée trois cents guinées, il trouva que le libraire anglais avait donné pour chaque vers près d’une guinée et demie. Stendhal s’écria que cette différence était scandaleuse et humiliante pour la France. « Avant de vous emporter, lui dit Alfred, il faut savoir si la même différence n’existe pas entre la qualité des vers de lord Byron et celle des miens. Peut-être suis-je assez payé.

— C’est ce dont je ne conviens pas, » répondit Stendhal.

Si lord Byron, avec le caractère qu’on lui connaît, n’eût été ni pair d’Angleterre, ni plus riche que le poète français, et qu’il n’eût obtenu de ses poèmes que cinq cents francs au lieu de sept mille cinq cents,