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voyais. Je suis frappé de sa beauté, de son air aimable et intelligent. Elle est brune ; elle a de grands yeux noirs. Le père est le meilleur homme du monde. C’est une famille de gens d’esprit et de goût. À l’instant l’idée me vient que ce parti est votre affaire, et je me promets de vous en parler. Voilà ma proposition. Vous devriez y songer. »

Ils y songèrent séance tenante, et si bien que ce fut un projet de mariage arrêté entre eux. Alfred aimait particulièrement les yeux noirs et les beautés brunes. Il avait eu peu de relations avec M. Mélesville depuis le temps du séjour d’Auteuil, mais toujours amicales et basées sur une estime réciproque. Il se souvint d’avoir vu la jeune fille jouer avec une rare intelligence un petit rôle dans une comédie de société. Il la savait pleine d’esprit et bien élevée. Son imagination de poète s’enflamme aussitôt. Chenavard, en qui il a confiance, lui répète que M. Mélesville est l’homme le meilleur et le plus simple du monde, de mœurs patriarcales, et qui, ne devant sa fortune qu’à son talent, attache plus de prix au talent qu’à la fortune. On se marierait seulement pour avoir un tel beau-père. Toutes les convenances possibles se trouvent réunies. Il ne reste plus qu’à déterminer la marche qu’on doit suivre. Alfred, déjà dévoré d’impatience, cherche un prétexte pour renouveler connaissance avec M. Mélesville, et se présenter dans la maison, car on ne le croirait pas s’il disait qu’il aime la jeune