qui est au musée du Louvre, le Concert champêtre. Le tableau ne coûte pas cher ; c’est une occasion précieuse. Il le prend à condition de le payer en quatre mois, le fait apporter chez lui en triomphe, et le suspend au mur de sa salle à manger, en disant à la gouvernante peu satisfaite de cette acquisition : « Mettez mon couvert en face de ce tableau, et retranchez un plat de mon ordinaire. Le dîner me semblera toujours assez bon. »
La duchesse de Castries eut deux fois l’envie de le marier. La première femme à laquelle elle pensa était une personne d’un grand mérite ; mais Alfred, beaucoup trop jeune alors, montra peu d’empressement. Le second parti lui plaisait extrêmement ; il eut pourtant le courage de surmonter son inclination et d’élever des objections qui furent trouvées justes et raisonnables. Une autre fois, — je ne sais plus en quelle année, — entre deux parties d’échecs, Chenavard lui dit négligemment : « Si, par hasard, vous vouliez prendre femme, adressez-vous à moi ; je vous indiquerai celle qui vous convient.
— Pourquoi pas ? répond Alfred ; indiquez toujours.
— Depuis peu de temps, reprend Chenavard, j’ai fait la connaissance de M. Mélesville. Ce matin, je vais chez lui ; on m’introduit dans le salon. Une jeune fille charmante m’invite à m’asseoir, en attendant que son père arrive. C’était la première fois que je la