Sa pitié, son horreur de la souffrance et son désir d’y remédier ne s’arrêtaient point aux hommes ; de simples bêtes en connurent les effets. Sa gouvernante lui vint faire part, un jour, de la position critique d’un jeune chien qu’on allait jeter à la rivière. Il s’oppose formellement à cette exécution, et prend chez lui le condamné. Le voilà pourvu d’un chien.
Le tour des chats ne pouvait manquer d’arriver. À la première chatte qui s’avisa de chatonner, Alfred demanda un des petits, ne pouvant se charger de toute la famille. On lui envoya une affreuse bête, d’un gris sale, et à poils ras : « Je n’ai pas de bonheur, disait-il en regardant ses commensaux ; je n’aime que les belles choses, et je suis empêtré d’un vilain roquet et d’un vrai chat de portière. Mais qu’y faire ? Je ne les ai pas choisis. Tels que le hasard me les a donnés, je respecte et j’admire encore dans ces pauvres animaux le phénomène de la vie et l’ouvrage de la mystérieuse nature. »
Le bienfaiteur n’eut pas à se repentir de sa générosité. À force de grâce et de gentillesse, le chat se fit pardonner la laideur de sa robe, et le chien se trouva doué de toutes les vertus et d’une intelligence supérieure. Que dis-je ? Le célèbre Marzo a fait l’admiration des servantes du quartier ; il a même su se rendre utile, en allant seul, chaque soir, porter au marchand de journaux trois sous enveloppés dans un papier, et en rapportant la Presse dans sa gueule. Sans le