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sommeil. Un épanchement au cœur l’avait déterminée. A-t-il eu conscience de sa fin ? Je l’ignore. Peut-être a-t-il voulu m’épargner le déchirement du dernier adieu ; peut-être la fatigue de la vie, le sentiment de la délivrance et la douce puissance du sommeil ne lui ont-ils pas laissé la force de prononcer cet adieu suprême.

Quand la première lueur du matin vint éclairer son visage, une beauté surhumaine se répandit sur ses traits, comme si toutes les grandes pensées auxquelles son génie avait donné une forme impérissable fussent revenues lui faire une auréole. Les personnes qui le soignaient ne pouvaient pas croire à cette mort imprévue : « Cela est impossible, me disait-on ; il dort, il va s’éveiller. »

Je posai mes lèvres sur son front ; il avait déjà le froid du marbre.