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cantes par un mouvement qui ne dérange aucune position acquise. Je m’estime infiniment heureux d’avoir pu réparer une partie des torts que vous ont faits nos discordes aujourd’hui oubliées. Je regrette seulement d’avoir si peu de chose à offrir à un des hommes dont le talent honore le plus la littérature de notre temps.

« Veuillez croire à tous mes sentiments dévoués,


« H. Fortoul. »[1]

J’ai déjà eu l’occasion d’en donner la preuve : les poètes ont par moments une sorte de seconde vue. Précisément parce qu’ils ne s’occupent point habituellement des affaires publiques, le jour où un événement politique les émeut et les fait réfléchir, ils en comprennent mieux que le vulgaire la portée et la signification. Si les objets inanimés sont pour eux

  1. Cette estime de M. Fortoul pour Alfred de Musset datait de loin. On en trouve une preuve irrécusable dans la livraison de la Revue des Deux-Mondes du 1er septembre 1834. C’est un article de critique littéraire fort élogieux sur le Spectacle dans un fauteuil. L’auteur de cet article, curieux à lire aujourd’hui, compare, à propos du drame de Lorenzaccio, les républicains de Florence, en 1536, avec ceux de France en 1830. « Ces marchands, dit-il, se laissent escamoter la république à peu près aussi imprudemment qu’on l’a fait en ces temps derniers. » Plus loin, M. Fortoul félicite l’auteur de Lorenzaccio d’avoir compris « les désirs plébéiens qui nous enflamment ». On voit que le ministre de l’instruction publique du second empire n’avait pas toujours été partisan de la dictature perpétuelle.
    P. M.