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ce petit acte ; mais la grande actrice, forte de son expérience, persista dans sa résolution. En arrivant à Paris, au mois d’octobre, Alfred de Musset trouva l’affaire très avancée. Pendant une des répétitions du Caprice, il entendit, de la coulisse où il était, M. Samson, caché dans la nuit de l’orchestre, s’écrier d’un ton scandalisé : « Rebonsoir, chère ! En quelle langue est cela ? »

Ce qui prouve qu’en 1847 on en était encore, à la Comédie française, à se demander si l’auteur du Caprice écrivait dans un style qu’on pût parler sans se compromettre dans la maison de M. Scribe, cet écrivain si brillant et si correct ! La pièce fut pourtant représentée le 27 novembre, et l’incertitude cessa. Le succès du Caprice a été un événement dramatique important, et la vogue extraordinaire de ce petit acte a plus fait pour la réputation de l’auteur que tous ses autres ouvrages. En quelques jours, le nom d’Alfred de Musset pénétra dans ces régions moyennes du public, où la poésie et les livres n’arrivent jamais. L’espèce d’interdit qui pesait sur lui se trouva levé comme par enchantement, et il n’y eut plus de jours où la presse ne citât ses vers.

Quand arriva le coup de foudre du 24 février 1848, Alfred de Musset vit partir avec regret la famille royale dans laquelle il n’avait eu qu’un ami. Cette révolution devait l’atteindre comme bien d’autres ; mais ce fut d’une manière à laquelle il ne s’atten-