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sentation de quelque pièce offrant de meilleures garanties de succès que le Caprice. Lorsque je revins de Venise, directeur et auteur avaient abandonné cette idée.

Un heureux événement causait alors une grande joie dans notre famille et une grande perturbation dans notre intérieur. Notre sœur se mariait et se séparait de nous. Elle s’en allait habiter la province. Sa mère partait avec elle pour l’installer dans son ménage. Je restai quelque temps à Paris, et je tins compagnie à mon frère, en causant avec lui de cette chère Italie que je venais de revoir encore ; après quoi je me rendis à l’invitation de ma sœur devenue maîtresse de maison. Pendant mon absence, une jeune actrice débuta au théâtre du Gymnase. Rose Chéri avait enfin trouvé, dans le rôle de Clarisse Harlowe, l’occasion de déployer un talent dont elle n’avait peut-être pas conscience[1]. Alfred de Musset aimait particulièrement et relisait sans cesse le beau roman de Richardson ; il fut attiré par le titre du drame, et il se prit d’une telle admiration pour l’actrice et d’un tel goût pour la pièce qu’il suivit assidûment les représentations du Gymnase pendant trente soirées consécutives. À mon retour de l’Anjou, je le trouvai sous le charme de ce plaisir quotidien, et presque

  1. La pièce de Clarisse Harlowe était de M. Léon Guillard, aujourd’hui archiviste de la Comédie française.
    P. M.