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récriminations ; mais, depuis lors, j’en ai subi bien d’autres, et je ne suis pas au bout. Maintenant, qu’on jette un regard sur les poésies d’Alfred de Musset, et l’on verra que, depuis 1842, il n’a pas ajouté à son œuvre beaucoup de satires ni de méditations, et, cependant, M. Sainte-Beuve est revenu de lui-même sur son jugement. Il a placé le poète de la Nuit de mai au rang des dieux, — après sa mort, bien entendu ; — c’est pourquoi je lui fais réparation aujourd’hui, et, si ma réparation arrive tard, c’est que la sienne aussi s’est fait attendre bien longtemps.

Sans fréquenter beaucoup de monde, en 1842, Alfred retourna dans les deux ou trois salons où il avait des amis. Il en revint plusieurs fois avec des sonnets ou des rondeaux dans la tête, qu’il adressait le lendemain à quelque femme, et dont, malheureusement, il ne garda pas toujours copie. Quant au charmant conte allégorique du Merle blanc, composé pour une publication illustrée, dont l’éditeur avait su gagner son amitié, il n’appelait pas cela un travail.

La maladie si bien soignée par la sœur Marcelline lui avait laissé une fâcheuse disposition aux affections de poitrine. Il aurait eu besoin de précautions, et jamais il n’en voulut prendre. Aux nombreux rhumes que lui procura l’institution de la garde nationale, il en ajouta beaucoup d’autres qu’il se donna par imprudence. Souvent il se voyait, avec chagrin, condamné à garder la chambre ; mais sa constitution