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y rencontra un paragraphe dont les termes lui semblèrent faits pour mettre la modestie d’Alfred de Musset à une épreuve un peu trop grande. L’avant-veille de la publication du numéro, il m’écrivit un billet à la hâte pour me prier de venir le soir même. Je me rendis à son invitation, et il me donna lecture du paragraphe. C’était une classification de tous les poètes vivants, non par ordre de mérite, mais par ordre de célébrité, selon l’opinion du critique, — chose inutile, qui ne prouve jamais rien, et dont le moindre défaut est de blesser, à coup sûr, les gens nommés aussi bien que ceux omis, comme l’auteur de l’article le disait lui-même. — Dans cette classification, Alfred de Musset se trouvait rangé en troisième ligne, au milieu d’un groupe si nombreux qu’il y avait même des dames. Le critique ajoutait pourtant que, si ce jeune poète écrivait souvent d’autres satires comme les vers Sur la Paresse et d’autres méditations comme la Nuit de mai, « il aurait peut-être grande chance de sortir de son groupe ».

M. Buloz me demanda ce que je pensais de cette appréciation. Je répondis que, si l’auteur de l’article était resté sur la lecture de la Nuit de mai, il fallait lui envoyer les vingt livraisons de la Revue dans lesquelles étaient les autres Nuits, les poésies diverses et toutes les Méditations publiées depuis six ans ; que je ne m’attendais pas à trouver l’auteur de l’épître Sur la paresse confondu dans un groupe, avec des