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seul volume du nouveau format. Ces propositions changeaient absolument la face des choses. M. Charpentier ne se trompait pas dans ses calculs. Les poésies réimprimées se vendirent à un nombre considérable d’exemplaires, et les autres ouvrages du même auteur vinrent à leur tour donner de l’occupation aux imprimeurs. Pour notre poète, c’était une révolution financière. Il répéta plusieurs fois : « Marcelline me l’avait annoncé, et pourtant cette pauvre sœur ne sait pas seulement ce que c’est qu’un vers ! »

Pour jouir amplement de ses loisirs et de sa liberté d’esprit, notre convalescent voulut se régaler de quelque lecture interminable. Il relut tout Clarisse Harlowe, après quoi il demanda le Mémorial de Sainte-Hélène, s’y plongea, le lut et le relut jusqu’à en maculer les pages ; puis il voulut connaître tous les mémoires publiés sur l’empire, sans oublier le journal d’Antomarchi. Selon son habitude, il épuisait le sujet. Lorsqu’il se passionnait ainsi pour un personnage, ses lectures, ses pensées, sa conversation devenaient une véritable monographie. Je l’interrogeai pour savoir ce qui l’attirait si fort vers l’époque impériale. « C’est la grandeur, me répondit-il, le plaisir de vivre en esprit dans un temps héroïque et le besoin de m’absenter du nôtre. Je suis las des petites choses et je m’adresse à l’endroit où l’on peut m’en servir de grandes. Je prends plus d’intérêt à savoir comment cet homme mettait ses