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pu retrouver des stances à la sœur Marcelline :


Pauvre fille, tu n’es plus belle.
À force de veiller sur elle,
La Mort t’a laissé sa pâleur.
En soignant la misère humaine,
Ta main s’est durcie à la peine,
Comme celle du laboureur.

Mais la fatigue et le courage
Font briller ton pâle visage
Au chevet de l’agonisant.
Elle est douce ta main grossière,
Au pauvre blessé qui la serre,
Pleine de larmes et de sang.

...................

Poursuis ta route solitaire.
Chaque pas que tu fais sur terre
C’est pour ton œuvre et vers ton Dieu.
Nous disons que le mal existe,
Nous dont la sagesse consiste
À savoir le fuir en tout lieu ;

Mais ta conscience le nie.
Tu n’y crois plus, toi dont la vie
N’est qu’un long combat contre lui,
Et tu ne sens pas ses atteintes,
Car ta bouche n’a plus de plaintes
Que pour les souffrances d’autrui[1].


  1. On trouve une allusion au tendre souvenir laissé par les soins de la sœur Marcelline dans une lettre d’Alfred de Musset à sa marraine, datée du 31 juillet 1840. En réponse à une lettre précédente, dans laquelle le poète racontait en badinant comment il avait coqueté avec plusieurs jeunes femmes, la marraine demandait ce que devenait le sentiment pour la bonne sœur au milieu de ces amourettes. C’est évidemment à cela que se rapporte le mot d’Histoire sainte. Il ne faut pas se fier à la légèreté apparente avec laquelle le filleul répond à cette question. Je pense qu’il ne voulait point