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papier dans son portefeuille sans un peu d’hésitation. Le lendemain, le rapport revint au ministère avec cette apostille en marge, de la main de Napoléon : « Le chef de bureau a raison. » Et le pauvre employé conserva sa place.

L’autre affaire, plus importante que la première, a fait quelque bruit. Un certain Fabry, intendant ou commissaire des guerres, — je ne sais lequel, — accusé de malversation et traduit devant un conseil de guerre, avait été condamné aux galères, où il était mort. Au bout de quinze ans on découvrit les preuves de son innocence. Comme les héritiers de Lesurques, sa veuve et ses enfants poursuivirent sa réhabilitation. Il ne fallait pas moins qu’une loi votée par les deux Chambres. C’était en 1831. Madame Fabry eut le bonheur de trouver M. de Musset au bureau de la justice militaire. Pendant un an elle lui fit partager toutes ses émotions. Le ministre de la guerre jeta les hauts cris lorsque le chef de bureau lui proposa de demander cent mille francs d’indemnité ; mais, après bien des discussions, ce chiffre fut maintenu et la loi présentée. L’exposé des motifs était un véritable