baron Deniez, Alfred de Musset et son frère, plus un certain nombre de gens du monde, qui, par leur position, leurs lumières et leur autorité, pouvaient exercer une influence considérable. Toutes les fois que l’occasion se présentait de rencontrer Pauline Garcia, non seulement pour l’entendre chanter, mais pour causer avec elle, nous accourions au rendez-vous. Nous nous informions des projets de la jeune fille ; nous étions préoccupés de ses intérêts, qui étaient un peu les nôtres, car nous voulions l’attirer et la fixer à Paris. Pour lui en rendre le séjour attrayant, il fallait lui assurer les succès dus à son talent. Lorsqu’elle daignait nous consulter, nous pesions le pour et le contre de chaque chose avec une attention extrême, et nous approuvions fort, dans ces consultations, le bon sens, la prudence et l’expérience de sa mère, la veuve du grand Garcia.
Avertis par une circulaire, nous arrivâmes au concert du théâtre de la Renaissance (dans le courant de décembre 1838). Mademoiselle Pauline Garcia eut sujet d’être satisfaite. Elle n’eut pas besoin du secours de ses amis ; le public l’applaudit avec une chaleur à laquelle ne nuisaient pas les regrets laissés par la Malibran. Alfred de Musset n’avait pas pu assister au concert ; mais il se rendit chez la jeune cantatrice, qui lui chanta tous les morceaux du programme. Dans un article de la Revue, il disait, avec sa modestie habituelle, qu’il n’était pas musicien ; mais en même