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les talents contemporains, lui avaient échauffé la bile. La fantaisie lui vint de mettre en vers les doctrines qu’il avait combattues et de porter la guerre dans le camp de ses adversaires. L’idylle de Dupont et Durand fut le résultat de cette boutade satirique.

Chez madame la duchesse de Castries, Alfred de Musset rencontra une fort belle dame qui venait de lire l’Espoir en Dieu ; elle lui fit compliment de la beauté de ses vers, et il répondit, en badinant, mais du ton le plus respectueux, qu’il regrettait de ne pouvoir pas se parer d’un compliment si flatteur comme d’une fleur qu’on porte à sa boutonnière. La dame partait pour la campagne le lendemain. Quelques jours après, Alfred reçut sous enveloppe un tout petit bouquet de fleurs blanches nouées avec un fil de soie. Il n’était pas homme à laisser sans réponse une pensée si gracieuse ; il y répondit par les vers À une fleur. De loin en loin, il revit cette femme dont la beauté était une de ses admirations. Elle mourut, encore jeune, toujours belle et à la mode, pleine de vie et de santé, d’une mort subite, imprévue et terrible[1].

Pauline Garcia venait d’arriver en France, presque enfant et déjà célèbre. On ne l’avait encore entendue qu’une fois à Paris, chez le ministre de Belgique ; la seconde fois, ce fut à une matinée de musique chez la marraine, qui avait convoqué pour cette occasion un

  1. Elle fut brûlée par accident.
    P. M.