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chise et la bonté même, il la soupçonna, je ne sais pourquoi, de mensonge et d’hypocrisie, et, comme il reconnut son injustice tout de suite après, il chercha en lui-même d’où venaient ses odieux soupçons. Il crut découvrir que la cause en était dans la première occasion de sa vie où il s’était trouvé aux prises avec la trahison et le mensonge.

Tout en racontant les amourettes de Valentin et de madame Delaunay, l’auteur se mit à rêver à d’anciens souvenirs et à des chagrins passés. Ces souvenirs devenant plus vifs, il conçut l’idée d’un supplément et d’une conclusion à la Nuit de mai. Il sentait dans son cœur comme une marée montante. Sa Muse lui frappa tout à coup sur l’épaule. Elle ne voulait pas attendre ; il se leva pour la recevoir, et fit bien, car elle lui apportait la Nuit d’octobre, qui est, en effet, la suite nécessaire de la Nuit de mai, le dernier mot d’une grande douleur et la plus légitime comme la plus accablante des vengeances, le pardon. Le 15 octobre, la Revue publia la dernière des Nuits, et, le 1er novembre suivant, les Deux Maîtresses.

Pour mettre à profit ses bonnes dispositions au travail, Alfred chercha dans ses souvenirs un autre sujet de nouvelle. C’est alors que la figure de la rieuse Bernerette lui revint à l’esprit. L’aventure véritable était quelque peu décousue ; il en sut faire pourtant un de ses récits les plus attachants et les plus estimés. Pensant que la mort seule pouvait faire