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lui connaissait point encore. La Confession d’un enfant du siècle était une sorte de réquisitoire passionné plutôt qu’un roman. Dans l’intérêt de son œuvre, et afin de varier ses travaux, il voulut y ajouter un volume de prose. Depuis le 18 août 1836, il s’était engagé par écrit avec la Revue des Deux-Mondes à composer un roman de mœurs contemporaines. Le sujet qu’il se proposait de traiter était celui d’Emmeline ; mais, quand le temps eut mis cet épisode de sa vie dans la perspective du passé, il reconnut que le chagrin le lui avait fait voir comme sous un verre grossissant. Il lui rendit ses justes proportions qui étaient celles d’une nouvelle, et il promit d’arriver au bout du volume avec d’autres récits du même genre, si le premier était bien accueilli.

Un sujet bien différent lui traversa l’esprit tout à coup. Parmi les témoignages de sympathie qu’il recevait souvent, se trouva une bourse anonyme en filet, dont il ne put deviner l’auteur. Après avoir soupçonné toutes les femmes de sa connaissance, il puisa dans ses conjectures le sujet d’une peinture de la vie parisienne. C’est ainsi que lui vint l’idée du Caprice. Dans l’intention de créer un type original et vrai de femme du monde, il choisit pour modèle sa marraine, quoiqu’elle ne fût pour rien dans le complot de la bourse en filet. Aussitôt le personnage de madame de Léry lui apparut avec sa gaieté, sa malice, son langage pittoresque, son esprit incisif,