chansons, et se renvoient les saillies les plus gaies. On a beaucoup parlé de ces réunions dont le prince Belgiojoso était l’âme. On s’est plu à dire qu’Alfred de Musset s’y était plongé dans des plaisirs excessifs dangereux pour un poète. C’était une exagération ridicule. Beaucoup de ces excès se réduisaient à des dîners fort simples, après des parties de natation : et, même en carnaval, lorsque l’usage permettait des divertissements plus bruyants, Alfred ne s’y mêla que très rarement ; il refusait dix parties de plaisir avant d’en accepter une, et il abandonnait souvent ses convives pour rentrer chez lui au plus beau moment de la fête.
Un homme nouveau, bien différent de l’ancien homme, avait remplacé en lui l’Octave et le Fantasio. Il suffit, d’ailleurs, pour faire ressortir clairement la sottise et la malveillance des commérages de ce temps-là, de donner ici la liste de ses travaux dans le courant de l’année 1835 ; ce sont : Lucie, la Nuit de mai, la Quenouille de Barberine, le Chandelier, la Loi sur la presse, la Nuit de décembre et la Confession d’un Enfant du siècle. Où aurait-il pris le temps d’écrire tant de choses, s’il eût passé les nuits à table et les journées à se reposer des fatigues nocturnes ? Je ne parle pas de ses lectures qui ne discontinuaient point. Cependant il faut dire, pour être exact, qu’il n’écrivit rien pendant les quatre premiers mois de cette année si féconde. Un soir du mois de mai, son ami Alfred Tat-