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Lorsque des gens, connus de toute la terre, s’embarquent ainsi, voyageant de compagnie, assurés d’avance que partout où ils iront leur réputation les y aura précédés, c’est qu’ils ne veulent pas du mystère. Pour croire qu’une pareille démarche resterait ignorée, il aurait fallu qu’ils eussent perdu la raison. Leur dessein n’était ni d’échapper au jugement de l’opinion ni de la braver, mais de s’y soumettre ; ou plutôt, ils ne songeaient point à elle. Aujourd’hui le secret ne peut être que celui de la comédie, et tout le monde sait que cette comédie est un drame. Je ne ferai point le récit de ce drame. Je n’en raconterai que les particularités qui me sont parvenues à trois cents lieues de distance et que j’aurais toujours connues quand même je n’aurais reçu aucune confidence.

La première lettre d’Alfred de Musset à sa famille était datée de Marseille. Il se louait beaucoup de la rencontre de Stendhal (Henri Beyle), qui s’en allait à son consulat de Civita-Vecchia, et dont l’esprit caustique avait égayé le voyage. La seconde lettre, datée de Gênes, contenait quelques détails sur les mœurs, les costumes des femmes, les galeries de tableaux de cette grande ville, plus le récit d’une promenade dans les jardins de la villa Palavicini, où Alfred s’était reposé dans un lieu de délices, au bord d’une fontaine aimée des touristes. D’autres lettres de Florence nous apprirent qu’il avait trouvé