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VI

On a dit de l’auteur des Contes d’Espagne qu’il ne lui avait manqué dans ses débuts que des conseils. Cela est fort aisé à dire. J’aurais voulu voir messieurs les donneurs de conseils apporter leur bagage de préceptes à cet esprit dévorant qui en savait plus long que les vieux maîtres, et qui n’a jamais traité une question de littérature, en conversation ou par écrit, sans improviser tout un art poétique plein de vérités nouvelles. Assurément rien n’eût été plus facile que de lui faire croire que ses vers étaient mauvais. Il les aurait jetés au feu, et c’est tout ce qu’on y aurait gagné. Pour des avis sur sa manière de vivre, il n’en a jamais manqué. Mais qu’il eût fait beau entendre les gens raisonnables sermonner ce Fantasio qui, lorsqu’il mettait la bride sur le cou à ses passions, s’observait et s’étudiait lui-