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Je m’assis auprès d’elle et parlai d’Italie,
Car elle connaissait le pays sans pareil.
Elle en venait, hélas ! à sa froide patrie
Rapportant dans son cœur un rayon de soleil.


XXXIX


Nous causâmes longtemps, elle était simple et bonne.
Ne sachant pas le mal, elle faisait le bien ;
Des richesses du cœur elle me fit l’aumône,
Et, tout en écoutant comme le cœur se donne,
Sans oser y penser, je lui donnai le mien ;
Elle emporta ma vie et n’en sut jamais rien.


XL


Le soir, en revenant, après la contredanse,
Je lui donnai le bras, nous entrâmes au jeu ;
Car on ne peut sortir autrement de ce lieu.
« Vous partez, me dit-elle, et vous allez, je pense,
D’ici jusque chez vous faire quelque dépense ;
Pour votre dernier jour il faut jouer un peu. »


XLI


Elle me fit asseoir avec un doux sourire.
Je ne sais quel caprice alors la conseilla ;
Elle étendit la main et me dit : « Jouez là. »
Par cet ange aux yeux bleus je me laissai conduire.
Et je n’ai pas besoin, mon ami, de vous dire
Qu’avec quelques louis mon numéro gagna.