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Ils regardaient alors toutes ces étrangères,
Cet or, ces voluptés, ces belles passagères,
Tout ce monde enchanté de la saison des bains,
Qui s’en va sans poser le pied sur les chemins.


XVIII


Ils couraient, ils partaient, tout ivres de lumière,
Et la nuit sur leurs yeux posait son noir bandeau.
Ces mains vides, ces mains qui labouraient la terre,
Il fallait les étendre, en rentrant au hameau,
Pour trouver à tâtons les murs de la chaumière,
L’aïeule au coin du feu, les enfants au berceau !


XIX


Ô toi, Père immortel, dont le Fils s’est fait homme,
Si jamais ton jour vient, Dieu juste, ô Dieu vengeur !…
J’oublie à tout moment que je suis gentilhomme.
Revenons à mon fait : tout chemin mène à Rome.
Ces pauvres paysans (pardonne-moi, lecteur),
Ces pauvres paysans, je les ai sur le cœur.


XX


Me voici donc à Bade et vous pensez, sans doute,
Puisque j’ai commencé par vous parler du jeu,
Que j’eus pour premier soin d’y perdre quelque peu.
Vous ne vous trompez pas, je vous en fais l’aveu.
De même que, pour mettre une armée en déroute,
Il ne faut qu’un poltron qui lui montre la route,