Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Poésies II.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est comme un temple grec, tout recouvert en tuile,
Une espèce de grange avec un péristyle,
Je ne sais quoi d’informe et n’ayant pas de nom ;
Comme un grenier à foin, bâtard du Parthénon.


XI


J’ignore vers quel temps Belzébuth l’a construite.
Peut-être est-ce un mammouth du règne minéral.
Je la prendrais plutôt pour quelque aérolithe,
Tombée un jour de pluie, au temps du carnaval.
Quoi qu’il en soit du moins, les flancs de l’animal
Sont construits tout à point pour l’âme qui l’habite.


XII


Cette âme, c’est le jeu ; mettez bas le chapeau ;
Vous qui venez ici, mettez bas l’espérance.
Derrière ces piliers, dans cette salle immense,
S’étale un tapis vert, sur lequel se balance
Un grand lustre blafard au bout d’un oripeau
Que dispute à la nuit une pourpre en lambeau.


XIII


Là, du soir au matin, roule le grand peut-être,
Le hasard, noir flambeau de ces siècles d’ennui,
Le seul qui dans le ciel flotte encore aujourd’hui.
Un bal est à deux pas ; à travers la fenêtre,
On le voit çà et là bondir et disparaître
Comme un chevreau lascif qu’une abeille poursuit.