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La bonne dame réfléchit profondément, acheva sa toilette sans mot dire, serra la main de sa future nièce, et monta en voiture. Elle arriva bientôt à l’hôtel Godeau ; là, elle se redressa si bien en entrant, qu’elle semblait rajeunie de dix ans. Elle traversa majestueusement le salon où était tombé le bouquet de Julie, et, quand la porte du boudoir s’ouvrit, elle dit d’une voix ferme au laquais qui la précédait :

— Annoncez la baronne douairière de Croisilles.

Ce mot décida du bonheur des deux amants ; M. Godeau en fut ébloui. Bien que les cinq cent mille francs lui semblassent peu de chose, il consentit à tout pour faire de sa fille une baronne, et elle le fut ; qui eût osé lui en contester le titre ? À mon avis, elle l’avait bien gagné.

FIN DE CROISILLES.

Cette nouvelle a été publiée pour la première fois dans le numéro de la Revue des Deux Mondes du 15 février 1839.