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Monter la garde.
Heureux qui mettra sa cocarde
Au bonnet de Mimi Pinson !

Les couteaux et les pipes, voire même les chaises, avaient fait leur tapage, comme de raison, à la fin de chaque couplet. Les verres dansaient sur la table, et les bouteilles, à moitié pleines, se balançaient joyeusement en se donnant de petits coups d’épaule.

— Et ce sont vos bonnes amies, dit Marcel, qui vous ont fait cette chanson-là ! Il y a un teinturier ; c’est trop musqué. Parlez-moi de ces bons airs où on dit les choses !

Et il entonna d’une voix forte :

Nanette n’avait pas encore quinze ans…

— Assez, assez, dit mademoiselle Pinson ; dansons plutôt, faisons un tour de valse. Y a-t-il ici un musicien quelconque ?

— J’ai ce qu’il vous faut, répondit Marcel ; j’ai une guitare ; mais, continua-t-il en décrochant l’instrument, ma guitare n’a pas ce qu’il lui faut ; elle est chauve de trois de ses cordes.

— Mais voilà un piano, dit Zélia ; Marcel va nous faire danser.

Marcel lança à sa maîtresse un regard aussi furieux que si elle l’eût accusé d’un crime. Il était vrai qu’il en savait assez pour jouer une contredanse ; mais c’était pour lui, comme pour bien d’autres, une espèce de