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II


Mademoiselle Pinson n’était pas précisément ce qu’on appelle une jolie femme. Il y a beaucoup de différence entre une jolie femme et une jolie grisette. Si une jolie femme, reconnue pour telle, et ainsi nommée en langue parisienne, s’avisait de mettre un petit bonnet, une robe de guingamp et un tablier de soie, elle serait tenue, il est vrai, de paraître une jolie grisette. Mais si une grisette s’affuble d’un chapeau, d’un camail de velours et d’une robe de Palmyre, elle n’est nullement forcée d’être une jolie femme ; bien au contraire, il est probable qu’elle aura l’air d’un porte-manteau, et, en l’ayant, elle sera dans son droit. La différence consiste donc dans les conditions où vivent ces deux êtres, et principalement dans ce morceau de carton roulé, recouvert d’étoffe et appelé chapeau, que les femmes ont jugé à propos de s’appliquer de chaque côté de la tête, à peu près comme les œillères des chevaux. (Il faut remarquer cependant que les œillères empêchent les chevaux de regarder de côté et d’autre, et que le morceau de carton n’empêche rien du tout.)

Quoi qu’il en soit, un petit bonnet autorise un nez