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— Pourquoi ? que sais-je ? une idée d’hirondelle. Je suis allé chez elle tout droit ; on me répond qu’elle est sortie. Je m’assure qu’en effet elle n’y est pas, et je demande si elle n’a rien laissé pour moi ; la chambrière me regarde avec étonnement. À force de questions, j’apprends que madame Rosenval a dîné avec son baron à lunettes et une autre personne, sans doute ce damné la Bretonnière ; qu’ils se sont séparés ensuite, la Bretonnière pour rentrer chez lui, Javotte et le baron pour aller au spectacle, non pas dans la salle, mais sur le théâtre ; et je ne sais quoi encore d’incompréhensible ; le tout mêlé de verbiages de servante : — Madame avait reçu une bonne nouvelle ; madame paraissait très contente ; elle était pressée, on n’avait pas eu le temps de manger le dessert, mais on avait envoyé chercher à la cave du vin de Champagne. Cependant je tire de ma poche la petite boîte de Fossin, que je remets à la chambrière, en la priant de donner cela ce soir à sa maîtresse, et en confidence. Sans chercher à comprendre ce que je ne peux savoir, je joins à mon cadeau un billet écrit à la hâte. Là-dessus, je rentre, je compte les minutes, et la réponse n’arrive pas. Voilà où en sont les choses. Maintenant que cette fille a je ne sais quoi en tête, s’en détournera-t-elle pour m’obliger ? Quel vent a soufflé sur cette girouette ?

— Mais, dit Armand, le spectacle a fini tard ; il lui faut bien, à cette girouette, le temps nécessaire pour lire et répondre, chercher ce bracelet et l’envoyer. Nous