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suis pas non plus un homme sanguinaire. Si votre frère me propose des excuses, pourvu qu’elles soient bonnes et valables, je suis prêt à les recevoir. Sinon, voici mon testament que je suis en train d’écrire, comme cela se doit.

— Qu’entendez vous par des excuses valables ?

— J’entends… cela se comprend.

— Mais encore ?

— De bonnes excuses.

— Mais enfin, à peu près, parlez.

— Eh bien ! Il m’a dit que j’arrivais comme mars en carême, et je crois lui avoir dignement répondu. Il faut qu’il rétracte ce mot, et qu’il me dise, devant témoins, que j’arrivais tout simplement comme M. de la Bretonnière.

— Je crois que, s’il est raisonnable, il ne peut vous refuser cela.

Armand sortit de cette conférence non pas entièrement satisfait, mais moins inquiet qu’il n’était venu. C’était au boulevard de Gand, entre onze heures et minuit, qu’il avait rendez-vous avec son frère. Il le trouva, marchant à grands pas d’un air agité, et il s’apprêtait à négocier son accommodement dans les termes voulus par la Bretonnière, lorsque Tristan lui prit le bras en s’écriant :

— Tout est manqué ! Javotte se joue de moi, je n’ai pas mon bracelet.

— Pourquoi ?