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et qui retrouvent toujours si bien leur compte, que Tristan n’avait pu s’empêcher de se rapprocher de Javotte en faisant cette question. Il avait entouré doucement de son bras la jolie taille de son ancienne amie, et Javotte, la tête penchée sur son éventail, souriait en soupirant tout bas, tandis que la moustache du jeune hussard effleurait déjà ses cheveux blonds ; le souvenir du passé et l’idée d’un bracelet neuf lui faisaient palpiter le cœur.

— Parlez, Tristan, dit-elle, soyez tout à fait franc. Je suis bonne fille ; n’ayez pas peur. Dites-moi où ira mon serpentin bleu.

— Eh bien ! mon enfant, répondit le jeune homme, je vais tout vous avouer : je suis amoureux.

— Est-elle belle ?

— Vous êtes plus jolie ; elle est jalouse, elle veut ce bracelet ; il lui est revenu, je ne sais comment, que je vous ai aimée…

— Menteur !

— Non, c’est la vérité ; vous étiez, ma chère, vous êtes encore si parfaitement gentille, fraîche et coquette, une petite fleur ; vos dents ont l’air de perles tombées dans une rose ; vos yeux, votre pied…

— Eh bien ! dit Javotte, soupirant toujours.

— Eh bien ! reprit Tristan, et notre bracelet ?

Javotte se préparait peut-être à répondre de sa voix la plus tendre : Eh bien ! mon ami, allez chez Fossin, lorsqu’elle s’écria tout à coup :