Il trouva madame Delaunay qui faisait de la tapisserie, sa mère était assise près d’elle. La pauvre femme, pour tout jardin, avait quelques fleurs sur sa croisée. Son costume, toujours le même, était de couleur sombre, car elle n’avait pas de robe du matin ; tout superflu est signe de richesse. Une velléité de fausse élégance lui faisait porter cependant des boucles d’oreille de mauvais goût et une chaîne de chrysocale. Ajoutez à cela des cheveux en désordre et l’apparence d’une fatigue habituelle ; vous conviendrez que le premier coup d’œil ne lui rendait pas en ce moment la comparaison favorable.
Valentin n’osa pas, en présence de la mère, montrer le dessin qu’il apportait. Mais lorsque trois heures sonnèrent, la vieille dame, qui n’avait pas de servante, sortit pour préparer son dîner. C’était l’instant qu’attendait le jeune homme. Il tira donc de nouveau son portrait, et tenta sa seconde épreuve. La veuve n’avait pas grande finesse, elle ne se reconnut pas, et Valentin, un peu confus, se vit obligé de lui expliquer que c’était elle qu’il avait voulu faire. Elle en parut d’abord étonnée, puis enchantée, et, croyant simplement que c’était un cadeau que Valentin lui offrait, elle alla décrocher un petit cadre en bois blanc à la cheminée, en ôta un affreux portrait de Napoléon qui y jaunissait depuis 1810, et se disposa à y mettre le sien.
Valentin commença par la laisser faire ; il ne pou-