meublé avec un luxe raffiné. Madame de Parnes, qui habitait l’hôtel et passait pour fort sage, n’allait point, disait-on, au pavillon. On y voyait pourtant quelquefois de la lumière. Compagnie excellente, dîners à l’avenant, fringants équipages, nombreux domestiques, en un mot, grand bruit de bon ton, voilà la maison de la marquise. D’ailleurs une éducation achevée lui avait donné mille talents ; avec tout ce qu’il faut pour plaire sans esprit, elle trouvait moyen d’en avoir ; une indispensable tante la menait partout ; quand on parlait de son mari, elle disait qu’il allait revenir ; personne ne pensait à médire d’elle.
Madame Delaunay (c’est la veuve) avait perdu son mari fort jeune ; elle vivait avec sa mère d’une modique pension obtenue à grand’peine, et à grand’peine suffisante. C’était à un troisième étage qu’il fallait monter, rue du Plat-d’Étain, pour la trouver brodant à sa fenêtre ; c’était tout ce qu’elle savait faire ; son éducation, vous le voyez, avait été fort négligée. Un petit salon était tout son domaine ; à l’heure du dîner, on y roulait la table de noyer, reléguée durant le jour dans l’antichambre. Le soir, une armoire à alcôve s’ouvrait, contenant deux lits. Du reste, une propreté soigneuse entretenait le modeste ameublement. Au milieu de tout cela, madame Delaunay aimait le monde. Quelques anciens amis de son mari donnaient de petites soirées où elle allait, parée d’une fraîche robe d’organdi. Comme les gens sans fortune n’ont pas de saison, ces petites