Emmeline vit qu’elle s’était trompée ; elle voulait parler et ne trouvait rien. Que répondre, en effet, à la façon d’agir du comte ? Il avait deviné clairement ce qui s’était passé, et le parti qu’il avait pris était juste sans être cruel. Elle commençait une phrase et ne pouvait l’achever ; elle pleurait. M. de Marsan lui dit avec douceur :
— Calmez-vous, songez que vous avez commis une faute, mais que vous avez un ami qui la sait, et qui vous aidera à la réparer.
— Que ferait donc cet ami, dit Emmeline, s’il était aussi riche que moi, puisque cette misérable question de fortune le décide à me quitter ? Que feriez-vous si notre contrat n’existait pas ?
Emmeline se leva, alla à son secrétaire, en tira son contrat de mariage, et le brûla à la bougie qui était sur la table. Le comte la regarda faire jusqu’au bout.
— Je vous comprends, lui dit-il enfin ; et, bien que ce que vous venez de faire soit une action sans conséquence, puisque le double est chez le notaire, cette action vous honore, et je vous en remercie. Mais songez donc, ajouta-t-il en embrassant Emmeline, songez donc que, s’il ne s’agissait ici que d’une formalité à annuler, je n’aurais fait qu’abuser de mes avantages. Vous pouvez d’un trait de plume me rendre aussi riche que vous, je le sais, mais je n’y consentirais pas, et aujourd’hui moins que jamais.