répondait que par monosyllabes, et se repliait, pour ainsi dire, sur elle-même, comme une sensitive.
Les journées s’écoulaient dans une monotonie extrême ; Gaston n’allait plus à la chasse, on jouait peu, on se promenait rarement ; tout se passait en entretiens, et deux ou trois fois par jour madame Doradour avertissait Margot de se retirer, afin de ne pas gêner la compagnie. La pauvre enfant ne faisait que descendre de sa chambre et y remonter. S’il lui arrivait d’entrer au salon mal à propos, elle voyait les deux mères échanger des signes, et tout le monde se taisait ; lorsqu’on la rappelait, après une longue conversation secrète, elle s’asseyait sans regarder personne, et l’inquiétude qu’elle sentait ressemblait à ce qu’on éprouve en mer lorsqu’un orage s’annonce au loin et s’avance lentement au milieu d’un ciel calme.
Elle passait un matin devant la porte de mademoiselle de Vercelles, lorsque celle-ci l’appela. Après quelques mots indifférents, Margot remarqua au doigt de sa bonne amie une jolie bague.
— Essayez-la, dit mademoiselle de Vercelles, et voyons un peu si elle vous irait.
— Oh ! mademoiselle, ma main n’est pas assez belle pour porter de pareils bijoux.
— Laissez donc, cette bague vous va à merveille. Je vous en ferai cadeau le jour de mes noces.
— Est-ce que vous allez vous marier ? demanda Margot en tremblant.