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gilets de soie à fleurs pour les garçons, une dentelle pour la mère Piédeleu, et, pour le bonhomme, un beau chapeau de feutre à larges bords dont la ganse était retenue par une boucle d’or. Les compliments étant échangés, Margot, brillante de joie et de santé, comparut devant sa famille ; après qu’elle eut été embrassée à la ronde, sa marraine fit tout haut son éloge, vanta sa douceur, sa sagesse, son esprit, et les joues de la jeune fille, toutes vermeilles des baisers qu’elle avait reçus, se colorèrent encore d’une pourpre plus vive. La mère Piédeleu, voyant la toilette de Margot, jugea qu’elle devait être heureuse, et elle ne put s’empêcher, en bonne mère, de lui dire qu’elle n’avait jamais été si jolie. — C’est ma foi vrai, dit le bonhomme. — C’est vrai, répéta une voix qui fit trembler Margot jusqu’au fond du cœur : c’était Gaston qui venait d’entrer.

En ce moment, la porte étant restée ouverte, on aperçut dans l’antichambre le petit gardeur de dindons, Pierrot, qui avait tant pleuré au départ de Margot. Il avait suivi ses maîtres à quelque distance, et, n’osant entrer dans le salon, il fit de loin un salut craintif. — Quel est donc ce petit gas ? dit madame Doradour. Approche donc, petit, viens nous dire bonjour. Pierrot salua de nouveau, mais rien ne put le décider à entrer ; il devint rouge comme le feu et se sauva à toutes jambes.

— C’est donc vrai que vous me trouvez jolie ? se répéta Margot à voix basse en se promenant seule dans le