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V


L’habitation de la Honville était à une lieue de Chartres, et à une demi-lieue environ de la ferme où demeuraient les parents de Margot. Ce n’était pas tout à fait un château, mais une très belle maison avec un grand parc. Madame Doradour n’y venait pas souvent, et depuis nombre d’années on n’y avait vu qu’un régisseur. Ce voyage précipité, les entretiens secrets entre le jeune homme et la vieille dame, surprenaient Margot et l’inquiétaient.

Il n’y avait que deux jours que madame Doradour était arrivée, et tous les paquets n’étaient pas encore déballés, lorsqu’on vit s’avancer dans la plaine dix colosses marchant en bon ordre ; c’était la famille Piédeleu qui venait faire ses compliments : la mère portait un panier de fruits, les fils tenaient à la main chacun un pot de giroflées, et le bonhomme se prélassait, ayant dans ses poches deux énormes melons qu’il avait choisis lui-même et jugés les meilleurs de son potager. Madame Doradour reçut ces présents avec sa bonté ordinaire ; et comme elle avait prévu la visite de ses fermiers, elle tira aussitôt de son armoire huit