de parfum de ces soixante années de folie où régna le roi bien-aimé.
Margot, seule dans cette salle, s’approcha timidement de l’estrade. Elle examina d’abord les griffons dorés placés de chaque côté de la baignoire ; elle n’osait entrer dans l’eau, qui lui semblait devoir, pour le moins, être de l’eau de rose ; elle y fourra doucement une jambe, puis l’autre, puis elle resta debout en contemplation devant le panneau. Elle n’était pas connaisseuse en peinture ; les nymphes de Boucher lui parurent des déesses ; elle n’imaginait pas que de pareilles femmes pussent exister sur la terre, qu’on pût manger avec des mains si blanches, ni marcher avec de si petits pieds. Que n’eût-elle pas donné pour être aussi belle ! Elle ne se doutait pas qu’avec ses mains hâlées elle valait cent fois mieux que ces poupées. Un léger mouvement du rideau la tira de sa distraction ; elle frémit à l’idée d’être surprise ainsi, et se plongea dans l’eau jusqu’au cou.
Un sentiment de mollesse et de bien-être ne tarda pas à s’emparer d’elle. Elle commença, comme font les enfants, par jouer dans l’eau avec le coin de son peignoir ; elle s’amusa ensuite à compter les fleurs et les rosaces de la chambre ; puis elle examina les petits amours, mais leurs gros ventres lui déplaisaient. Elle appuya sa tête sur le bord de la baignoire, et regarda par la fenêtre entr’ouverte.
La salle de bain était au rez-de-chaussée, et la fenêtre