son grand bonnet et ses cheveux poudrés donnaient à penser à Margot et lui faisaient voir qu’elle se trouvait en face d’un être particulier. Comme elle avait l’esprit prompt et facile, et, en même temps, ce penchant à l’imitation qui est naturel aux enfants, elle n’eut pas plus tôt causé une heure avec madame Doradour, qu’elle essaya de se modeler sur elle. Elle se redressa, rajusta sa cornette, et appela à son secours tout ce qu’elle savait de grammaire. Malheureusement un peu de fort bon vin que sa marraine lui avait fait boire pur, pour réparer la fatigue du voyage, avait embrouillé ses idées ; ses paupières se fermaient. Madame Doradour la prit par la main et la conduisit dans une belle chambre ; après quoi, l’ayant embrassée de nouveau, elle lui souhaita une bonne nuit et se retira.
Presque aussitôt on frappa à la porte ; une femme de chambre entra, débarrassa Margot de son châle et de son bonnet, et se mit à genoux pour la déchausser. Margot dormait tout debout et se laissait faire. Ce ne fut que lorsqu’on lui ôta sa chemise qu’elle s’aperçut qu’on la déshabillait, et, sans réfléchir qu’elle était toute nue, elle fit un grand salut à sa femme de chambre ; elle expédia ensuite sa prière du soir, et se mit promptement au lit. À la lueur de sa veilleuse, elle vit que sa chambre avait aussi des meubles dorés, et qu’il s’y trouvait une de ces magnifiques glaces qui lui tenaient si fort au cœur. Au-dessus de cette glace était un trumeau, et les petits amours qui y étaient