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III


Lorsque les sénateurs se furent retirés, la signora Dorothée, malgré les prières et les importunités de son filleul, ne voulut jamais s’expliquer davantage. Elle était fâchée qu’un premier mouvement de gaieté lui eût fait avouer qu’elle savait le secret d’une aventure dont elle ne voulait pas se mêler. Comme Pippo insistait toujours :

— Mon cher enfant, lui dit-elle, tout ce que je puis te dire, c’est qu’il est vrai qu’en t’apprenant le nom de la personne qui a brodé pour toi cette bourse, je te rendrais peut-être un bon service ; car cette personne est assurément une des plus nobles et des plus belles de Venise. Que cela te suffise donc ; malgré mon envie de t’obliger, il faut que je me taise ; je ne trahirai pas un secret que je possède seule, et que je ne pourrai te dire que si l’on m’en charge, car je le ferai alors honorablement.

— Honorablement, ma chère marraine ? mais pouvez-vous croire qu’en me confiant à moi seul…

— Je m’entends, répliqua la vieille dame ; et comme, malgré sa dignité, elle ne pouvait se passer d’un peu