pièce d’or, c’est assez pour un jour ; et s’il t’en reste le soir quelque chose, si peu que ce soit, tu trouveras un pauvre qui t’en remerciera. »
Lorsque le jeune homme eut retourné la boîte de cent façons, examiné la bourse, regardé de nouveau sur le quai, et qu’il vit enfin clairement qu’il n’en pourrait savoir davantage : Il faut avouer, pensa-t-il, que ce cadeau est singulier, mais il vient cruellement mal à propos. Le conseil qu’on me donne est bon ; mais il est trop tard pour dire aux gens qu’ils se noient quand ils sont au fond de l’Adriatique. Qui diable peut m’envoyer cela ?
Pippo avait aisément reconnu que la négresse était une servante ; il commença à chercher dans sa mémoire quelle était la femme ou l’ami capable de lui adresser cet envoi, et, comme sa modestie ne l’aveuglait pas, il se persuada que ce devait être une femme plutôt qu’un de ses amis. La bourse était en velours brodé d’or ; il lui sembla qu’elle était faite avec une finesse trop exquise pour sortir de la boutique d’un marchand. Il passa donc en revue dans sa tête d’abord les plus belles dames de Venise, ensuite celles qui l’étaient moins ; mais il s’arrêta là, et se demanda comment il s’y prendrait pour découvrir d’où lui venait sa bourse. Il fit là-dessus les rêves les plus hardis et les plus doux ; plus d’une fois il crut avoir deviné ; le cœur lui battait, tandis qu’il s’efforçait de reconnaître l’écriture ; il y avait une princesse bolonaise qui formait ainsi ses lettres