Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VII


Cependant Frédéric n’avait ni l’intention ni la possibilité de partir. D’une part les obligations qu’il avait contractées, d’une autre son stage, le retenaient à Paris. Il travailla avec ardeur pour chasser l’ennui qui le saisissait ; il cessa d’aller chez Gérard, s’enferma pendant un mois, et ne sortit plus que pour se rendre au Palais. Mais la solitude où il se trouvait tout à coup, après tant de dissipation, le plongea dans une mélancolie profonde. Il passait quelquefois des journées entières dans sa chambre à se promener de long en large, sans ouvrir un livre et ne sachant que faire. Le carnaval venait de finir ; aux neiges de février succédaient les pluies glaciales de mars. N’étant distrait ni par le plaisir ni par la société de ses amis, Frédéric se livra avec amertume à l’influence de ce triste moment de l’année qu’on nomme avec raison une saison morte.

Gérard vint le voir et lui demanda le motif d’une réclusion si subite. Il n’en fit point mystère ; mais il refusa les offres de service de son ami.

— Il est temps, lui dit-il, de rompre avec des habitudes qui ne peuvent que me conduire à ma perte. Il