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— Dites-moi donc, s’écria-t-elle, dites-moi donc, je vous prie, le nom de votre mystérieuse ouvrière, qui vous donne de si bons renseignements.

— Elle s’appelle Julie, répondit le jeune homme.

Son regard, le son de sa voix, rappelèrent tout à coup à madame de Parnes qu’il lui avait dit le même nom le jour où il lui avait parlé d’une veuve qu’il aimait. Comme alors, l’air de vérité avec lequel il avait répondu troubla la marquise. Elle se souvint vaguement de l’histoire de cette veuve, qu’elle avait prise pour un prétexte ; mais, répété ainsi, ce nom lui parut sérieux.

— Si c’est une confidence que vous me faites, dit-elle, elle n’est ni adroite ni polie.

Valentin ne répondit pas. Il sentait que son premier mouvement l’avait entraîné trop loin, et il commençait à réfléchir. La marquise, de son côté, garda le silence quelque temps. Elle attendait une explication, et Valentin songeait au moyen d’éviter d’en donner une. Il allait enfin se décider à parler, et essayer peut-être de se rétracter, quand la marquise, perdant patience, se leva brusquement.

— Est-ce une querelle ou une rupture ? demanda-t-elle d’un ton si violent, que Valentin ne put conserver son sang-froid.

— Comme vous voudrez, répondit-il.

— Très bien, dit la marquise, et elle sortit. Mais, cinq minutes après, on sonna à la porte : Valentin