Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VII


De ce que Valentin avait oublié ce mouchoir, il ne faut pas croire cependant qu’il n’en eût pas un dans sa poche.

Pendant que madame Delaunay pleurait, notre étourdi, qui n’en savait rien, était fort éloigné de pleurer. Il était dans un petit salon boisé, doré et musqué comme une bonbonnière, au fond d’un grand fauteuil de damas violet. Il écoutait, après un bon dîner, l’Invitation à la valse, de Weber, et, tout en prenant d’excellent café, il regardait de temps en temps le cou blanc de madame de Parnes. Celle-ci, dans tous ses atours, et exaltée, comme dit Hoffmann, par une tasse de thé bien sucré, faisait de son mieux de ses belles mains. Ce n’était pas de la petite musique, et il faut dire, en toute justice, qu’elle s’en tirait parfaitement. Je ne sais lequel méritait le plus d’éloges, ou du sentimental maître allemand, ou de l’intelligente musicienne, ou de l’admirable instrument d’Érard, qui renvoyait en vibrations sonores la double inspiration qui l’animait.

Le morceau fini, Valentin se leva, et, tirant de sa poche un mouchoir : — Tenez, dit-il, je vous remercie ; voilà le mouchoir que vous m’avez prêté.

La marquise fit justement ce qu’avait fait madame