semblable en tout point, c’est à la rigueur un moyen romanesque qui peut donner le droit de parler d’amour ; mais il faut, je crois, pour cela, que la personne auprès de laquelle on emploie de pareils stratagèmes y mette un peu de bonne volonté : fut-ce ainsi que la marquise l’entendit ? je l’ignore. La vanité blessée plutôt que l’amour avait amené Valentin ; plutôt que l’amour la vanité flattée apaisa madame de Parnes ; elle en vint même à faire au jeune homme quelques questions sur sa veuve ; elle s’étonnait de la ressemblance dont il lui parlait ; elle serait, disait-elle, curieuse d’en juger par ses yeux. — Quel est son âge ? demandait-elle ; est-elle plus petite ou plus grande que moi ? a-t-elle de l’esprit ? où va-t-elle ? est-ce que je ne la connais pas ?
À toutes ces demandes, Valentin répondait, autant que possible, la vérité. Cette sincérité de sa part avait, à chaque mot, l’air d’une flatterie détournée. — Elle n’est ni plus grande ni plus petite que vous, disait-il ; elle a, comme vous, cette taille charmante, comme vous ce pied incomparable, comme vous ces beaux yeux pleins de feu. La conversation, sur ce ton, ne déplaisait pas à la marquise. Tout en écoutant d’un air détaché, elle se mirait du coin de l’œil. À dire vrai, ce petit manège choquait horriblement Valentin ; il ne pouvait comprendre cette demi-vertu ni cette demi-hypocrisie d’une femme qui se fâchait d’une parole franche, et qui s’en laissait conter à travers une gaze. En voyant les œillades que la marquise se renvoyait à elle-même dans la glace,