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TROISIÈME PARTIE


CHAPITRE I


Mon père demeurait à la campagne, à quelque distance de Paris. Lorsque j’arrivai, je trouvai le médecin sur la porte, qui me dit : Vous venez trop tard ; votre père aurait voulu vous voir une dernière fois.

J’entrai et vis mon père mort. — Monsieur, dis-je au médecin, faites, je vous prie, que tout le monde se retire et qu’on me laisse seul ici ; mon père avait quelque chose à me dire et il me le dira. Sur mon ordre, les domestiques s’en allèrent ; je m’approchai alors du lit et soulevai doucement le linceul qui couvrait déjà le visage. Mais dès que j’y eus jeté les yeux, je me précipitai pour l’embrasser et perdis connaissance.

Quand je revins à moi, j’entendis qu’on disait : S’il le demande, refusez-le, sur quelque prétexte que ce soit. Je compris qu’on voulait m’éloigner du lit de mort et feignis de n’avoir rien entendu. Comme on me vit tranquille, on me laissa. J’attendis que tout le monde