Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.

te vendrait pas deux louis. Comment se fait-il qu’il me semble triste de me séparer de toi ? N’as-tu pas été commencée pour être finie le plus vite possible ? Ah ! tu as été commencée plus gaiement que je ne t’achève. Il n’y a pourtant que quinze jours de cela ; que quinze jours, est-ce possible ? Non, pas davantage ; et que de choses en quinze jours ! Arrivons-nous trop tard, petite ?… Pourquoi de telles idées ? On vient, je crois ; c’est lui ; il m’aime encore.

Un domestique, entrant.

Voilà monsieur le comte, madame.

Mathilde.

Ah, mon Dieu ! je n’ai mis qu’un gland et j’ai oublié l’autre. Sotte que je suis ! Je ne pourrai pas encore lui donner aujourd’hui ! Qu’il attende un instant, une minute, au salon ; vite, avant qu’il entre…

Le domestique.

Le voilà, madame.

Il sort. Mathilde cache sa bourse.



Scène II

MATHILDE, CHAVIGNY.
Chavigny.

Bonsoir, ma chère ; est-ce que je vous dérange ?

Il s’assoit.
Mathilde.

Moi, Henri ? quelle question !