Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/417

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même. J’ai souhaité, il est vrai, quand j’ai senti la mort, de ne point partir sans un adieu ; je n’ai pas eu la force d’emporter dans la tombe ce secret qui me dévorait. Ce secret ! c’était ma vie elle-même, et je la lui ai envoyée. Voilà mon histoire, madame, je voulais qu’il la sût, et mourir.

La Reine.

Eh bien ! mon enfant, il la sait, car c’est lui qui me l’a racontée ; Minuccio ne vous a point trahie.

Carmosine.

Quoi ! madame, c’est le roi lui-même…

La Reine.

Qui m’a tout dit. [Votre reconnaissance allait beaucoup trop loin pour moi.] C’est le roi qui veut que vous repreniez courage, que vous guérissiez, que vous soyez heureuse. Je ne vous demandais, moi, qu’un peu d’amitié.

Carmosine, d’une voix faible.

C’est lui qui veut que je reprenne courage ?

La Reine.

Oui ; je vous répète ses propres paroles.

Carmosine.

Ses propres paroles ? Et que je guérisse ?

La Reine.

Il le désire.

Carmosine.

Il le désire ? Et que je sois heureuse, n’est-ce pas ?