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Perillo.

Charmante quand c’est vous qui la dites.

Maître Bernard.

Je trouve cela trop sombre. Je ne sais ce que c’est qu’une chanson lugubre. Il me semble qu’en général on ne chante pas à moins d’être gai, moi, du moins, quand cela m’arrive,… mais cela ne m’arrive plus.

Carmosine.

Pourquoi donc, et que reprochez-vous à cette romance de notre ami ? [Elle n’est pas bouffonne, il est vrai, comme un refrain de table ; mais qu’importe ? ne saurait-on plaire autrement ? Elle parle d’amour, mais ne savez-vous pas que c’est une fiction obligée, et qu’on ne saurait être poète sans faire semblant d’être amoureux ? Elle parle aussi de douleurs et de regrets, mais n’est-il pas aussi convenu que les amoureux en vers sont toujours les plus heureuses gens du monde, ou les plus désolés ?] « Va dire, Amour, ce qui cause ma peine… » Comment dit-elle donc ensuite ?

Maître Bernard.

Rien de bon, je n’aime point cela.

Carmosine.

C’est une romance espagnole, et notre roi don Pèdre l’aime beaucoup n’est-ce pas, Minuccio ?

Minuccio.

Il me l’a dit, et la reine aussi l’a fort approuvée.