Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/370

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que, lorsqu’une nation s’est levée dans sa haine et dans sa colère, il faut qu’elle se rassoie, comme le lion, dans son calme et sa dignité.

[La Reine, à demi voix aux assistants.

Ne vous effrayez pas, bonnes gens. Vous savez combien il vous aime.

Le Roi.

Nous sommes tous solidaires, nous répondons tous des hécatombes du jour de Pâques. Il faut que nous soyons amis, sous peine d’avoir commis un crime. Je ne suis pas venu chez vous pour ramasser sous un échafaud la couronne de Conradin, mais pour léguer la mienne à une nouvelle Sicile.] Je vous le répète, soyez unis ; plus de dissentiments, de rivalité, chez les grands comme chez les petits ; sinon, si vous ne voulez pas ; si, au lieu de vous entr’aider, comme la loi divine l’ordonne, vous manquez au respect de vos propres lois, par la croix-Dieu ! je vous les rappellerai, et le premier de vous qui franchit la haie du voisin pour lui dérober un fétu, je lui fais trancher la tête sur la borne qui sert de limite à son champ. — Jérôme, ôte-moi cette épée.

La foule se retire.
La Reine.

Permettez-moi de vous aider.

Le Roi.

Vous, ma chère ! vous n’y pensez pas. Cette besogne est trop rude pour vos mains délicates.