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que tu prends si vite ? Songes-tu aux études que tu viens de faire, à la carrière qui s’ouvre devant toi ? Songes-tu à l’avenir, Perillo ?

Perillo.

Oui, et je n’y vois de certain que la mort.

Minuccio.

Tu souffres d’un chagrin. — Je ne t’en demande pas la cause, — je ne cherche pas à la pénétrer, — mais je me trompe fort, ou, dans ce moment-ci, tu cèdes à un conseil de ton mauvais génie. — Crois-moi, avant de te décider, attends encore quelques jours.

Perillo.

Celui qui n’a plus rien à craindre ni à espérer n’attend pas.

[Minuccio.

Mais si je t’en priais, si je te demandais comme une grâce de ne point te hâter ?

Perillo.

Que t’importe ?

Minuccio.

Tu me fais injure. Il me semblait que tout à l’heure tu m’avais pris pour un de tes amis. Écoute-moi, — le temps presse, — le roi va arriver. Je ne puis t’expliquer clairement ni librement ce que je pense… Encore une fois, ne fais rien aujourd’hui. Est-ce donc si long d’attendre à demain ?

Perillo.

Aujourd’hui ou demain, ou un autre jour, ou dans