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et pour vous montrer en même temps que les engagements pris et le mérite même ne sauraient changer ma résolution. Maintenant donc, excusez-moi.



Scène IX


MINUCCIO, CARMOSINE.
Minuccio.

Vous êtes émue, Carmosine, cette lettre vous a troublée.

Carmosine.

Oui, je me sens faible. — Écoute-moi bien, car je ne puis parler longtemps. — Minuccio, je t’ai choisi pour te confier un secret. J’espère d’abord que tu ne le révéleras à aucune créature vivante, sinon à celui que je te dirai ; ensuite, qu’autant qu’il te sera possible, tu m’aideras, n’est-ce pas ? je t’en prie. — Tu te rappelles, mon ami, cette journée où notre roi Pierre fit la grande fête de son exaltation. Je l’ai vu à cheval au tournoi, et je me suis prise pour lui d’un amour qui m’a réduite à l’état où je suis. Je sais combien il me convient peu d’avoir cet amour pour un roi, et j’ai essayé de m’en guérir ; mais comme je n’y saurais rien faire, j’ai résolu, pour moins de souffrance, d’en mourir, et je le ferai. Mais je m’en irais trop désolée s’il ne le savait auparavant, et, ne sachant comment lui faire connaître le dessein que j’ai pris, mieux que par